10.7.10

Interview de Der Blutharsch: Une nouvelle ère



Cette interview de Der Blutharsch est extraite du dernier Elegy, pour lire la version intégrale il convient donc d'acquérir le N°63 de ce magazine: ICI


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Douze ans après la création de Der Blutharsch, il semble que davantage de personnes parlent de ce projet de manière politique en occultant totalement la musique. Que ressens-tu vis-à-vis de ça ?
Albin Julius : Eh bien, je m’en moque un peu. Quiconque souhaite nous connaître peut s’informer directement et se faire sa propre opinion. De nombreuses personnes qui apprécient notre musique nous contactent régulièrement pour démêler le vrai du faux, et la plupart n’ont aujourd’hui rien à nous reprocher, y compris des leaders du mouvement antifa de Vienne. Je pense que les gens qui ne nous connaissent que d’une façon « politique » n’en ont strictement rien à foutre de la musique, donc au final je ne fais pas attention à eux.

Parlons des débuts du groupe. Est-ce que l’utilisation de symboles ambigus, d’uniformes militaristes et d’une esthétique faisant directement écho au Troisième Reich était un moyen de faire parler de Der Blutharsch ?
A l’époque, j’aimais simplement ce style et cette esthétique, mais nous utilisions aussi des symboles d’autres horizons, par exemple la pochette de WHEN ALL ELSE FAILS est issue d’un poster antifasciste russe et l’artwork de DER GOTT DER EISEN WACHSEN LIEß représente une photo que j’ai prise d’un bâtiment socialiste ici à Vienne. Il est trop facile et réducteur de ne voir qu’une facette de Der Blutharsch. Dans mes disques, je n’ai jamais utilisé de discours de Hitler, contrairement à de nombreux groupes industriels. Par contre, j’ai utilisé des samples de Lénine, mais c’est encore une facette que certaines personnes refusent de voir…

Concernant l’esthétique nazie, celle-ci a progressivement disparu des artworks. T’es-tu senti piégé à un moment ?
Je ne me suis jamais senti piégé par ce que nous faisions. Nous avons arrêté à un certain moment de notre évolution, car nous avions tous d’autres centres d’intérêt, une attitude différente… Et comme je ne suis plus intéressé par ce que l’on appelle neofolk et indus martial, pourquoi devrais-je me plier aux bons vieux clichés ?

Même si elle a disparu, cette esthétique sulfureuse a été à l’origine de nombreux problèmes pour Der Blutharsch. N’as-tu jamais regretté l’utilisation de certains symboles ?
Non, jamais, simplement parce que j’ai toujours su qui j’étais et quelles étaient mes convictions. Beaucoup de personnes ne comprennent pas qu’il s’agit d’un projet artistique qui n’a rien à voir avec la personne que je suis dans la vie. Sur scène, c’est un gros show, de l’entertainment, ni plus ni moins. Lorsque tu vois le nombre de personés choquées par ce que nous avons fait, on se dit que notre démarche artistique a fonctionné.(…)

La musique de Der Blutharsch a changé radicalement au cours de ces cinq dernières années. Est-ce que ton public aussi a changé ?
Oui, On arrive à brasser un peu de tous les genres et certains musiciens se déclarent aujourd’hui publiquement fans de notre musique, ce qui me flatte et me surprend à chaque fois. Nous avons sans doute perdu quelques vieux fans qui pensent que notre premier album est encore le meilleur, mais pour chaque ancien fan perdu, nous avons gagné 10 nouveaux auditeurs… Ce qui m’étonne, par contre, c’est que certaines personnes qui nous suivent depuis le début semblent totalement adorer notre nouvelle orientation et j’ai remarqué qu’elles avaient évolué en parallèle à notre propre évolution, qu’il s’agisse de leurs goûts musicaux ou de leur personnalité.

L’album WHEN DID WONDERLAND END? Semble avoir ouvert une nouvelle ère pour Der Blutharsch, moins instrumentale et plus rock’n’roll, psychédélique et bluesy. Es-tu d’accord ?
Totalement. Je pense que Der Blutharsch a changé au moment où l’entité est passée d’un projet solo à un groupe. Avec l’arrivée de Jörg, nous avons monté le volume des guitares, c’est quelque chose que j’avais toujours voulu. Et comme Jörg est l’un de mes « guitargod» - j’aime sa façon de jouer – je trouve ça plutôt cool. J’ai toujours été quelqu’un de rock’n’roll, depuis le moment où j’ai commencé à écouter de la musique. Le premier disque que j’ai acheté était un vinyle d’Elvis, alors à quoi d’autre fallait-il s’attendre ? Concernant l’évolution de notre son, je pense aussi qu’il y a un lien avec le fait que ma vie a beaucoup changé ces dernières années. J’ai quitté la ville pour vivre dans les bois, je suis bien plus relax et tranquille aujourd’hui.

(…)

Quels sont tes projets pour Der Blutharsch ?
Il y aura tout d’abord la sortie d’un EP avec mes amis new-yorkais de White Hills. Nous travaillons aussi sur de nouvelles chansons, Nico du groupe 7thatSpells devrait y jouer quelques parties de guitare… Ensuite, je vais travailler à la sortie d’un DVD tourné à Prague par la TV tchèque avant de bosser sur un album drone avec 7thatSpells, puis nous allons nous lancer dans un projet commun avec le groupe français Aluk Todolo. J’enregistre aussi avec Geoffroy de Dernière Volonté, on bosse sur un CD, ça devrait sonner electropop. On verra, on a terminé 4 morceaux qui sont plutôt dansants.

Interview extraite de Elegy n°63 mai/juin 2010

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