
A cela s’ajoute au XVIIIe siècle le goût du terrifiant, du bizarre, quand les histoires d’horreur se déroulant dans un passé gothique deviennent à la mode. Le fantastique excentrique de ces romans procure aux lecteurs de délicieux frissons. En France, Letourneur et Emile de Girardin, les traducteurs de Shakespeare, utilisent en 1776 le mot « romantique » pour qualifier le caractère émotionnel d’une scène.
Le terme sera longtemps associé aux sujets habituels des romans, les épopées chevaleresque du Moyen Age et les aventures lointaines. Novalis (Friederich von Hardenberg) qui, en 1799, parle le premier des « romantiques » ne désigne par là que les romanciers. Lui-même faisait partie de la jeune génération d’écrivains allemands qui, vers 1800, donnèrent à ce mot une toute nouvelle dimension, et il proposa peut-être la définition la plus célèbre du romantisme : « C’est donner au commun un sens élevé, à l’ordinaire un air de mystère, au connu la dignité de l’inconnu, au fini l’apparence de l’infini. » A la question « pourquoi tout ce qui n’est que mélancolie et souvenir, ce qui est lointain, a trait à la mort, à l’inconnu, possède le charme du sublime », Jean Paul répondit que cela amorce le pouvoir magique de l’imagination et le débride ainsi à l’infini. Et Novalis de formuler à nouveau une règle que beaucoup de peintres prirent à cœur : « Tout devient poésie dans le lointain : montagnes lointaines, hommes lointains, événements lointains. Tout devient romantique. »
Norbert Wolf - Romantisme
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